Dépucelage chilien |
Cette finale Chili-Argentine était rêvée par tout un peuple. Au bout d'un match très serré, la Roja remporte enfin un premier trophée. De leur côté, les argentins continuent d'être maudits.
Les deux équipes qui s'affrontaient en finale, ont clairement été les deux meilleures formations de cette Copa America 2015.Tactiquement, techniquement, le Chili et l'Argentine ont dominé les autres sélections du tournoi sur tout les plans. Logiquement les équipes types étaient couchées sur les feuilles de match au coup d'envoi. Seul Jorge Sampaoli osait un petit réglage de circonstance en remplaçant son arrière gauche virevoltant Eugenio Mena, par ce bon vieux Jean Beausejour, plus rigoureux défensivement, pour tenter de museler le gars Lionel. Ce combat ultime était également celui de deux grands tacticiens. Jorge Sampaoli et Gerardo "Tata" Martino sont tout les deux disciples de Marcelo Bielsa. Les larons partagent également la même nationalité, argentine : chez les gauchos, la formation technique se porte visiblement très bien, merci pour eux.
Ce match était donc placé sous le signe du beau jeu et de la tactique, sauf que lorsque l'on oppose deux blocs très bien en place, ça coince. Si chiliens et argentins, fidèles à leurs maitres à jouer, Valdivia chez les uns, le duo Messi/Pastore chez les autres, ont déroulé le beau jeu auquel ils nous ont habitués... ils se sont systématiquement écrasés en vagues contre la solidité des digues adverses. Nous voilà, d'un coup, sevré d'occasion, spectateurs d'un match qui sera animé de bout en bout par un scénario tolkienesque : la guerre pour la terre du milieu. Peu de choses à se mettre sous la dent donc, une belle tête argentine par-ci, un beau mouvement chilien par là, cette finale était faite pour les initiés. On notera tout de même la sortie précoce de Di Maria, victime d'un pépin musculaire, remplacé par un Ezequiel Lavezzi volontaire et combatif, mais forcement moins dangereux que l'Ange de Marie. Pis encore pour le show, voyant les prolongations pointer le bout du nez, Jorge et Tata enverront dans la bataille des guerriers au détriment des enchanteurs. Matias Fernandez remplacera ainsi el Mago Valdivia pour le Chili, et Ever Banega relèvera el Flaco Pastore pour l'Albiceleste.
Inévitablement, la partie rendra son verdict à l'issu de la toujours cruelle séance de pénaltys. Bien que choisissant presque toujours le bon côté, Romero sera impuissant devant les transformations des rouges, chaque fois très bien placées. Dans l'autre camp, seul le gars Lionel, en capitaine modèle et premier tireur, fera mouche. Higuain imitera le célèbre "tir de l'espace" de Sergio Ramos, quand Banega sera stoppé à la régulière par Claudio Bravo. C'est à Alexis Sanchez que reviendra la tâche de mettre un point final à cette belle Copa America. D'une panenka, un peu bancale, il a envoyé la Roja sur le toit du continent latino-américain, fait rentrer dans l'histoire toute une génération de footballeurs et rendu hommage au travail entamé en 2007 par Marcelo Bielsa dans ce longiligne pays. Pour sa part, Lionel Messi peut prétendre à un nouveau surnom en sélection : M le Maudit.
Ivan Zamorano et Marcelo Salas se sentiront moins seuls au panthéon du football chilien, une équipe entière vient de les rejoindre.